“J’ai bien plus de responsabilités en tant que team manager que pilote !”
Patrik Hajek (31 ans) fait partie des kartmen ayant connu les moteurs 100cc, notamment lorsqu’il disputait le Championnat d’Europe Junior de la CIK-FIA en 2004. Très vite, le Tchèque est passé en KZ2. Sa place de vice-Champion d’Europe en 2009 l’a poussé à accéder au KZ. C’est en 2018 qu’il touche au but en accédant au titre suprême: Champion du Monde FIA Karting – KZ. Préférant raccrocher son casque après cet exploit historique pour un pilote tchèque, Hajek s’est reconverti comme coach de pilote, avant de se voir confier la place de team manager de l’équipe officielle Exprit en remplacement de Jordon Lennox-Lamb.
Fin 2018, la décision d’arrêter de courir fut-elle difficile à prendre?
J’ai piloté durant de nombreuses saisons et mon rêve ultime a toujours été de devenir Champion du Monde. Quand j’ai atteint ce but, je pense que c’était le bon moment pour arrêter. Dans mon entourage, certains me conseillaient de poursuivre, me disant que j’allais être encore meilleur qu’avant, plus libéré. Mais au bout du compte, j’ai estimé que c’est une chance de stopper sa carrière en étant arrivé au plus haut niveau. Gagner un Championnat du Monde demande un investissement personnel intense et je ne sais pas si j’aurais pu garder la même motivation pour rester au top.
Comment avez-vous organisé votre reconversion?
Lors de ma dernière saison de karting au sein de l’équipe officielle Kosmic, j’ai commencé à coacher mon compatriote Roman Stanek, qui roulait en OK. En 2019, il a décidé de passer en F4 en monoplace et il m’a demandé de le suivre. Pour moi, c’était un nouveau et passionnant challenge. Après avoir passé tant d’années sur les circuits de kart, j’ai ainsi pu découvrir un environnement très intéressant. En fin de saison, j’ai eu l’occasion de croiser à nouveau Roberto Robazzi, le responsable de l’usine OTK. Il cherchait un team manager pour l’équipe Exprit Racing et m’a proposé ce rôle. C’était assurément une belle opportunité pour moi et un super défi à relever. C’est arrivé au meilleur des moments.
Exercer comme team manager, est-ce une mission délicate à remplir?
Assister un pilote et être soi-même pilote, c’est complètement différent. Lorsque vous êtes dans le kart, vous avez tout sous contrôle. Vous savez comment réagir, spécialement une fois que vous avez acquis de l’expérience. Quand vous êtes sur le bord de la piste, vous ne pouvez pas ressentir le châssis, le moteur et les pneus à la place du pilote. Le mécanicien et le team manager doivent se contenter d’écouter le pilote et de prendre ensuite les bonnes décisions. Les informations collectées peuvent être justes aussi bien qu’erronées et vous induire en erreur. Au final, vous tentez de faire le maximum pour permettre au pilote d’être rapide et d’atteindre les meilleures places, mais c’est ensuite à lui de finir le travail et cela ne se passe pas toujours comme vous l’espériez. Dans un team comme Exprit Racing, vous ne devez pas surveiller seulement un pilote, mais quatre, cinq ou six suivant les courses. Il faut accepter d’assumer d’importantes responsabilités.
Les relations sont-elles bonnes entre les teams officiels du groupe OTK représentant les marques Tony Kart, Kosmic et Exprit?
Oui, excellentes ! Les teams partagent mutuellement leurs informations. Au total, cela représente de nombreux pilotes, ce qui permet d’échanger beaucoup de données, d’autant que nous disposons tous du même châssis et du même moteur. Les pilotes peuvent savoir où ils en sont et peuvent comparer leurs performances. En tant que team manager, c’est important et sécurisant de savoir que l’on peut compter sur le soutien indéfectible de l’usine OTK. Je suis heureux de faire partir de cette grande famille et j’espère que ce travail qui a commencé en 2020 va encore durer de nombreuses années.
Quels sont les points plus difficiles de ce travail?
Lorsque je dois discuter avec les parents des pilotes et leur expliquer pourquoi les résultats ne sont pas forcément à la hauteur de leurs attentes, ce n’est pas toujours facile. Il faut user de pédagogie et de calme. Aujourd’hui, nous devons gérer de très jeunes enfants et ils ont beaucoup à apprendre. Heureusement, je pense avoir suffisamment d’expérience et de recul pour mener à bien ma mission. D’un autre côté, lorsque les jeunes font face à des problèmes, cela nous pousse à travailler encore plus dur pour chercher des solutions et les mettre sur le bon chemin. Une autre difficulté vient du fait d’être souvent loin de ma maison et de ma compagne. J’habite à Prague en République Tchèque et je suis le plus souvent sur les circuits ou en Italie à côté de l’usine OTK. Mais cela fait partie du job et je dois assumer mes choix !
Info FIA Karting / Photo © KSP