La compétition coule dans les veines de la famille Patrese
Véritable légende de la Formule 1 avec 256 Grands Prix disputés, 6 victoires et trois podiums au classement du Championnat du Monde, Riccardo Patrese fut également un kartman de talent, auréolé du titre mondial en 1974. Depuis quatre ans, l’Italien de Padoue arpente à nouveau les paddocks de karting pour suivre son jeune fils Lorenzo, âgé de 15 ans et pilote en OK.
Quels souvenirs gardez-vous du karting en tant que pilote?
Ce sont des souvenirs lointains, mais je garde toujours en tête des moments inoubliables. Le karting, c’est toute ma jeunesse. Mon frère était ingénieur et il a eu l’idée de construire un kart au moment où ce sport, arrivé des Etats-Unis, était en plein essor dans de nombreux pays d’Europe. On a commencé à s’amuser avec ce modèle artisanal. A cette époque, il fallait attendre d’avoir 12 ans pour prendre une licence et courir. Au fil des années, j’ai grimpé les échelons et j’ai réussi à être sélectionné par l’équipe nationale italienne pour disputer le Championnat du Monde, auquel j’ai participé à quatre reprises et que j’ai gagné en 1974 à Estoril au Portugal. J’avais déjà 21 ans lors de mes débuts en monoplace.
Cette époque était évidemment bien différente de celle que vous connaissez aujourd’hui, n’est-ce pas?
Au début des années 70, je roulais à haut niveau, de manière presque professionnelle. Je bénéficiais du soutien de l’usine Birel. En revanche, l’atmosphère qui régnait dans le paddock était complètement différente. La saison durait moins longtemps, je disputais à peine plus de 10 courses par an et les compétitions internationales étaient peu nombreuses. Le Championnat d’Europe se courait par équipe, il ressemblait à une Coupe des Nations. Le Championnat du Monde représentait le seul véritable grand événement de la saison. A cette occasion, je faisais partie des plus jeunes, j’affrontais des pilotes souvent bien plus âgés.
Quel regard portez-vous sur le karting international actuel?
A vrai dire, j’avoue que je fus assez surpris de découvrir toutes ces structures et toute cette technologie, qui demandent d’importantes dépenses financières. Les pilotes sont déjà traités comme des professionnels, alors que certains n’ont que 12 ans. Je me demande parfois si cela est bien raisonnable. Je pense par exemple que la pratique du karting ne doit pas se faire au détriment de l’école. Les pilotes qui viennent en Europe depuis d’autres continents passent beaucoup de jours sur les circuits. Gardent-ils suffisamment de temps pour leur cursus scolaire? C’est incroyable de voir à quel point ils s’investissent dans cette discipline dès leur plus jeune âge.
Êtes-vous fier de voir votre fils suivre vos traces?
J’avoue que je n’avais pas du tout prévu de me retrouver dans cette situation. Je n’ai jamais poussé Lorenzo à s’intéresser au sport automobile. Il y a encore quelques années, il disputait le Championnat d’Europe d’équitation au sein de l’équipe nationale italienne ! Tout à coup, il a voulu arrêter et a insisté pour se lancer en karting. Ses premiers tours de roue ont montré qu’il avait du potentiel et nous nous sommes lancés. Aujourd’hui, je le soutiens dans sa démarche.
Que pensez-vous de son évolution?
En 2020 en OK, il n’était pas encore en position de gagner, mais son deuxième chrono effectué en Allemagne lors d’une épreuve du Championnat d’Europe est révélateur des progrès accomplis en seulement quelques saisons. Il est désormais capable de se battre avec les meilleurs. Ce n’est jamais facile, car dans chaque team, les efforts maximums sont faits pour les pilotes capables de monter sur le podium. Ce sont eux qui bénéficient du meilleur matériel, mais il faut reconnaître que c’était déjà le cas à mon époque !
Best-of FIA Karting 2020 / Photo © KSP