« Nous devons faire avec cette situation »
Ricky, pouvez-vous nous préciser comment s’est passé le début de la quarantaine pour RFM ?
Nous étions en test à La Conca en vue de la WSK Super Master qui a finalement été reportée. Nous avons ensuite mis le cap sur Zuera pour le 1er meeting de la série RGMMC Champions of the Future prévu deux semaines avant le Championnat d’Europe. La situation a empiré de manière globale et la course n’a pas pu avoir lieu. Nous avons laissé notre structure de course en Espagne où la course suivante devait se dérouler. Toute l’équipe a pu rentrer en sécurité au Royaume-Uni et chacun est maintenant à l’abri chez soi.
Comment vivez-vous cette période de confinement ?
J’espère que cela va permettre de ralentir la progression de la maladie au Royaume Uni dans les semaines à venir et qu’une reprise de l’activité sera envisageable d’ici la fin du mois de mai. Certains pays envoient déjà des signes positifs en Europe et nous devrions suivre ce mouvement.
Pendant la quarantaine, les pilotes soignent leur condition physique, suivent un programme nutritionnel et s’entraînent sur simulateur le plus possible. C’est tout ce qui leur est possible de faire puisque toutes les pistes sont désormais fermées. Nous sommes régulièrement en contact avec eux : tout le monde attend avec impatience de pouvoir reprendre la compétition.
Comment envisagez-vous la suite de la saison 2020 ?
A l’heure actuelle, une grande partie de la saison internationale peut encore être sauvée. La décision de renoncer cette année à organiser le Championnat du Monde au Brésil est une bonne nouvelle dans ce contexte. Cette course lointaine aurait mobilisé notre matériel pendant environ sept semaines loin de l’Europe à une période où les compétitions risquent de se succéder pour rattraper le retard. Ce n’était plus possible.
Je pense qu’il serait important que les deux séries internationales, Champions of the Future by RGMMC et WSK Promotion s’entendent avec la CIK-FIA pour établir un calendrier cohérent en fin d’année. Les déplacements doivent être réduits pour prendre le minimum de risques sanitaires et pour limiter le coût de la compétition. On peut envisager que le nombre de courses soit maintenu, quitte à courir jusqu’à fin novembre ou bien à rester deux ou trois week-ends de suite sur le même circuit. Je sais bien que le règlement actuel de la CIK-FIA interdit de rouler sur une piste 10 jours avant un championnat FIA Karting, mais cela pourrait éventuellement être assoupli dans ces circonstances spéciales.
Un autre point est à prendre en compte. Si la plupart des teams sont basés en Europe, il ne faut pas oublier qu’une partie non négligeable des pilotes vient de plus loin : Russie, Asie, Amérique avec des contraintes différentes pour la quarantaine et pour les déplacements. Nous devons également penser à eux dans la préparation du calendrier global à venir pour leur éviter de multiplier les voyages.
Quelle est votre réflexion à plus long terme ?
Il faut s’attendre à ce que l’avenir ne soit pas simple sur le plan économique dans les années à venir. Le karting est un hobby coûteux et il est possible que certaines familles hésitent à effectuer ce genre de dépenses si leur revenus subissent une réduction notable pour donner la priorité à des postes budgétaires essentiels. Je pense qu’il faut se préparer à une diminution des participants dans certains championnats pendant plusieurs années, le temps que l’économie mondiale se rétablisse.
Êtes-vous optimiste ?
Je reste positif parce qu’il ne peut pas en être autrement quand on travaille dans le milieu de la compétition. Nous attendons tous avec impatience de reprendre le chemin des circuits comme nous avons l’habitude de le faire normalement tout au long de l’année. Notre vie est de courir d’un circuit à l’autre pendant près de 10 mois par an pour relever à chaque fois de nouveaux défis et c’est que nous voulons reprendre le plus tôt possible. Nous ne ferions pas ce travail si nous n’étions pas passionnés, c’est donc très étrange pour nous de devoir rester à la maison aussi longtemps. Cela fait déjà un mois que nous sommes bloqués, et il y en a encore pour un mois au minimum.
Il n’en reste pas moins que la principale préoccupation est bien de protéger la santé de tous pour qu’il y ait le moins de victimes possible. La pratique de notre sport ne doit pas conduire à un risque supplémentaire. Il est donc essentiel de prendre toutes les précautions nécessaires et de respecter les règles sanitaires pour juguler cette maladie au plus vite.
Info Kartcom / Photo © KSP