Jeune espoir parmi tant d’autres, Lorenzo Travisanutto a patiemment gravi les échelons régionaux, nationaux et internationaux au côté de son père, en gérant à la fois la mécanique, la logistique et le budget ! C’est dans ces conditions qu’il a atteint un premier top 10 mondial en 2013 et qu’il a pu intégrer par la suite des équipes officielles. Aujourd’hui, il arbore les couleurs Rosberg Racing au sein du team KR Motorsport en OK.
Lorenzo, peux-tu retracer ton parcours en Karting?
– Je suis né le 8 juillet 1999, j’ai bientôt 19 ans, je suis originaire du nord-est de l’Italie à 1 heure de Venise et je crois que je n’avais que 3 ans et demi lorsque je me suis assis dans un Baby-Kart. J’étais tellement petit qu’il a fallu faire des modifications sur le châssis afin que je puisse toucher les pédales. Plus tard, j’ai voulu faire des courses. Comme j’étais trop jeune pour courir en Italie, je devais partir en Slovénie et en Croatie pour m’inscrire à des compétitions. Mon père est passionné de sport automobile, c’est un grand fan de Gilles Villeneuve et, au début, le Karting était vraiment un pur hobby, un moyen de passer du temps ensemble. À cette époque, jamais je n’aurais pensé intégrer un team officiel en Championnat du Monde !
À quel moment as-tu pris davantage le Karting au sérieux?
– En 2011, j’ai gagné la WSK Final Cup en 60 Mini et, en toute logique, j’ai poursuivi en KF-Junior les années suivantes dans les épreuves internationales de la CIK-FIA. Mais nous le faisions encore de manière indépendante. Mon père devait tout gérer: la mécanique, la préparation des moteurs et des carburateurs, le financement, la psychologie du pilote… Nous n’avions pas suffisamment d’argent pour intégrer une grande équipe, nous passions toutefois des moments merveilleux. Chaque résultat était vécu comme une grande récompense au regard des efforts fournis. En 2013, j’ai terminé 8e de la manche du Championnat du Monde à Bahreïn, un grand souvenir ! C’est ce genre de performance qui m’a ouvert les portes de l’équipe officielle PCR en 2014.
Est-ce que ce fut comme une sorte de nouveau départ?
– Oui, car je devais développer le matériel pour l’usine. À cette époque, PCR ne faisait pas réellement partie des plus gros teams et je ne passais pas pour le grand favori, ce qui ne nous a pas empêchés de gagner une manche du Championnat d’Europe de KF-Junior en Suède, à Kristianstad. Pour moi, c’est un moment qui a compté. Par la suite, je suis passé en KF en 2015 au sein du team Kartronix, avec lequel j’ai terminé 10e du Championnat du Monde à La Conca. Lors de la création du OK en 2016, j’ai roulé avec Ward Racing. Ce fut une bonne année, avec un titre à la WSK Super Master Series, la 9e place au Championnat d’Europe et la 8e au Championnat du Monde.
En OK, tu fais dorénavant partie des pilotes de référence. Est-ce une pression supplémentaire?
– C’est sûr que désormais, mon objectif est de monter sur le podium à chaque course. Mais j’aime me lancer des challenges relevés. Chaque moment de ma vie, je le ressens comme une compétition. Je veux toujours être le premier, même à l’école, en obtenant les meilleurs résultats possible. Avec le karting et les déplacements que cela sous-entend, ce n’est pas toujours facile, mais j’ai choisi d’intégrer une école privée pour bénéficier d’horaires adaptés.
Est-ce une fierté d’avoir aujourd’hui la confiance de Dino Chiesa, l’un des team-managers les plus réputés du paddock?
– Évidemment ! Nos liens se sont encore rapprochés lorsque j’ai terminé 3e du Championnat d’Europe 2017 avec une victoire au Mans. Moi-même, je pense avoir passé un cap à ce moment-là et il m’a aidé pour le faire. C’est une personne qui peut paraître un peu particulière. Parfois, il ne parle pas beaucoup, mais il a une manière de penser et de voir les courses différente des autres. Lors d’un meeting, il analyse constamment ce qui se passe, place tous les éléments au bon endroit et, au final, cela fonctionne. On ne peut que respecter ses choix et applaudir. J’ai eu la chance de participer au développement du châssis KR. Ce fut techniquement intéressant, mais aussi très valorisant de voir que tout le team et les distributeurs Kart Republic peuvent compter aujourd’hui sur du matériel très compétitif. On est dans la bonne direction…
Quel est ton sentiment de rouler sous la bannière Rosberg Racing?
– Lorsque Dino Chiesa et Nico Rosberg m’ont demandé de faire partie du Rosberg Racing, j’étais très heureux. Cela pousse à travailler encore plus fort et me donne davantage de motivation pour aller chercher la victoire. En plus d’être champion du Monde de F1, Nico a une personnalité que j’apprécie. Il a fait un choix difficile en décidant de quitter la Formule 1 et c’est génial de le voir de retour dans un paddock de karting, avec d’importantes ambitions.
Comment vois-tu ton avenir? Rester en Karting? Essayer l’auto?
– Je veux garder les pieds sur terre. L’auto, je sais que ce n’est financièrement pas possible. Il faudrait vraiment qu’on me fasse une proposition qui ne se refuse pas. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être pilote professionnel et de faire partie d’un des meilleurs teams internationaux. J’ai des titres à conquérir en karting, c’est motivant. Remporter un Championnat d’Europe ou du Monde CIK-FIA, ça reste quelque chose de fort dans une carrière.
Info CIK-FIA / © Photos KSP